Samedi 5 mai, la Fête de Mai de Gesves-Assesse de l'année 2007, connût un moment important et émouvant pour moi et pour ma famille.
La Fête est un événement annuel de création artistique dans les environs boisés et accidentés de la rive orientale de la Meuse, entre Namur et Huy. Ma belle-soeur Nicole Gere et son mari, Paul Tellier, ont construit une maison dans les environs. Paul a participé avec des oeuvres remarquables dans les éditions précédentes de la Fête de Mai.
Ayant traversé une crise interne, l'organisation des Fêtes de Mai a néanmoins réussi à continuer la mobilisation remarquable des plusieurs douzaines de volontaires locaux qui acceuillent chaque année les artistes venus construire leurs oeuvres dans la nature. Artistes qui viennent souvent de loin et qui ont besoin de main d'oeuvre, outils, matériaux.
Cette année-ci les oeuvres s'inspirent du Mur. Elles parlent des murs, de leur fonction positive (protection, porteurs des toits) et aussi de leurs fonctions négatives: cloisonnement, emprisonnement, destruction de la liberté.
Ces commentaires-là, ce sont les "murmures".
Celui qui se promène sur le Sentier des Murmures (voir plan 'Google' des sites), rencontrera une oeuvre de Paul et de Nicole, qui, au milieu de la nature innocente et verdoyante, commémore les quatre grand-parents, juifs hongrois, de Nicole qui ont disparu, en mai 1944, dans le camp de concentration d'Auschwitz.
Quand nous sommes allés rencontrer Paul, samedi après-midi, à l'emplacement du mur des 4 grand-parents, il était en train de terminer les travaux. Le mur, construit avec les pierres taillées d'un bâtiment ancien, mais inconnu des environs, est debout. La grande plaquette en métal y est attachée. Les rails qui mettront la construction en perspective, n'ont pas encore été mis en place.
Nous venions du "quartier général" des MurMures au hameau de Mozet de Gesves, où la maman de Nicole, Katalin Lakatos (Löwy) préparait un repas hongrois pour les volontaires et les autres intéressés du village. Nous étions: Nicole, ses deux soeurs Denise et Corinne, leurs maris et enfants, deux copines et Katalin (86), ainsi que la chienne Lisa.
Kati devant "Mai 1944":
Corinne, Nicole, Kati, Paul et Denise:
Après un quart d'heure, nous avons pris congé du monument:
De retour à Mozet, la maman et ses trois filles ont mis la dernière main dans la pâte (salade) pour le repas convivial avec les habitants accueillants du village.
L'Holocaust sort tellement des limites de ce qu'un humain puisse intégrer dans une seule vie, qu'un silence, lourd, omniprésent a hanté les survivants et leurs familles depuis très longtemps. Après 53 ans, une nouvelle génération a trouvé le courage à donner une forme et une voix à un deuil qui nous accompagne tous.
Mais qui est, dorénavant, un peu moins insupportable.
Merci, Nicole. Merci Paul.
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