Plovdiv. Bulgarie.
Un couple sympathique me loue l'appartement qu'ils avaient préparé pour leur fille et son mari qui se sont réfugiés (économiquement) en Angleterre. Mais les jeunes ont décidé à poursuivre leur carrière là-bas.
Compréhensible. Les rémunérations bulgares restent bien en-dessous de ce qu'on gagne en Europe "proprement dite". Même si l'on y (en Angleterre) est marginalisés à cause des préjugés et des décisions discriminatoires.
Ainsi, un médecin bulgare gagnera plus en remplissant les fonctions d'un infirmier simple en Europe occidentale qu'en travaillant à son niveau de compétence dans son propre pays. J'en connais des infirmiers-docteurs bulgares, qui guident les "spécialistes" des hôpitaux en France pendant leurs interventions en salle opératoire.
Une autre conséquence: Il ne survivent que des médecins très vieux/vieilles en Bulgarie pour servir les patients du pays. Et, complémentairement, un nombre de jeunes inexpérimentés qui viennent d'obtenir leur diplôme et qui n'attendent que de partir vers l'Ouest.
Est-ce que l'Union Européenne sera capable à remédier à des scandales pareils? J'en doute.
Mais il y a des remèdes. J'en parle ailleurs.
Retournons à mon appartement. Il est spacieux, double vitrage, bien situé en marge du centre-ville, cuisine et salle de bains bien fournies, terrasses (étroites, mais) ensoleillées, entrée et escaliers bien entretenus - et aussi quelques problèmes propres au pays: service d'eaux et d'électricité compliqués (mais pas chers). On s'y habitue.
Mais récemment, le progrès a commencé à me rattraper. L'espace vert triangulaire, avec pavillon, qui constituait la vue de mes fenêtres du salon, a été, d'abord, détruit et, puis, ce printemps, transformé en site de construction. L'on y construit quelque chose d'énorme en béton à 10 mètres de mes fenêtres, et qui monte chaque 2 jours d'un étage. Ils sont arrivés au 2me étage aujourd'hui, donc devant de chez moi. Et ça continue. Je ne sais pas jusqu'où. Le soleil du matin n'arrivera plus chez moi.
Je ne sais pas ce qui a motivé cette construction outrageuse. Y aura-t-il des bureaux? Des apparts luxueux? Les deux? Seront-ils heureux, les occupants des espaces à 10 mètres de mes fenêtres? - Je plains les propriétaires de mon appartement. Il aura perdu beaucoup de sa valeur. Je ne vais pas, je ne peux pas, rester ici. J'ai mon pavillon plus loin à la campagne. Il y a un jardin, trois chambres, des fruits à cueillir. Une vue qui porte jusqu'à la rivière. Je soutiens ardemment le progrès bulgare. J'aime ce pays. Mais les erreurs de ce progrès ne sont pas les miennes. Je n'ai plus assez de temps pour les assumer. J'irai ailleurs. Je serai toujours avec vous, mais pas en dupe de vos erreurs!