M. Geert Wilders, élu à la chambre des députés (assemblée nationale) des Pays-Bas, s'est exprimé, le 14 juin dernier, à la télévision danoise. Il s'est montré en faveur d'une nettoyage ethnique des musulmans en Europe. En outre, il a déclaré lors d'une conférence du parti xénophobe danois animé par Madame Pia Kjergaard, qu'il favorise deux États au Moyen-Orient, l'un israélien et l'autre palestinien, pourvu que le premier s'étende sur la Samarie et la Judée (donc tout le "Westbank") et que le dernier s'appelle "Jordanie". Une position que même l'actuel ministre israélien des Affaires Étrangères, Avigdor Lieberman, n'oserait pas exprimer. Wilders prévoit donc aussi une nettoyage ethnique des 4,5 millions de Palestiniens citoyens d'Israël ou habitants des "territoires" à l'Est de Jérusalem. Il n'a pas mentionné les 10 à 20% de Chrétiens arabes palestieniens d'entre eux. Wilders, qui a quitté l'Église catholique en 1999, pense-t-il que la supériorité de la culture judéo-chrétienne ne soit pas valable pour l'État juif et que les arabes ne soient pas capables d'être des bons chrétiens?
M. Wilders est l'objet de poursuites judiciaires pour "haatzaaien" (semer de la haine) de la part de la Cour de Justice de l'Arrondissement d'Amsterdam. En mars, le Gouvernement brittanique lui a interdit l'entrée au pays, invoquant le danger qu'il représente à l'ordre publique. Même les néoconservateurs américains l'ont considéré trop extrémiste (voir plus loin) pour être admis dans leur réseau.
Malheureusement, le phénomène Wilders ne relève plus de la folklore. Son "parti" a gagné 9 sièges (sur 150) aux élections nationales de 2005. Début juin, le parti "anti-européen" a obtenu 5 des 25 sièges hollandais au parlement européen en affichant sa volonté à ne pas participer aux débats du PE, ni envisageant à s'associer à un des groupements eurosceptiques du PE. Une entrave considérable à la défense des intérêts considérables qui sont en cause pour les Pays-Bas au niveau de l'UE.
Comment est-il possible qu'un homme ayant des opinions tellement différentes de la tradition tolérante de son pays, puisse sévir nationalement et internationalement de la sorte? Une des raisons en est, qu'il a pris son pays en ôtage après et à cause de la protection officielle qu'il a reçue après le meurtre du cinéaste Van Gogh, en novembre 2004, par un fou fanatique islamiste. Caché derriere le mur de ses agents de sécurité, il ajoute provocation sur provocation à l'adresse des Musulmans en se faisant prévaloir de son "droit à l'expression libre". Les dépenses pour sa protection s'éternalisent au détriment des contribuants néerlandais.
Dans plusieurs postes sur nos blogs en néerlandais, je me suis déjà exprimé sur ce phénomène.
Cette semaine-ci nous nous occupons d'abord de l'interview de la télé danoise du 14 juin avec Wilders. En voici l'extrait principal:
En résumant:
Il y a trop de gens d'origine musulmane en Europe. Bientôt il y en aura encore davantage, car ils se multiplient plus vite que les autres. Musulmans (y compris leurs enfants nés en Europe) ont été inoculés , dès leur naissance, d'une idéologie criminelle (l'Islam). C'est pourquoi ils ne soient pas "intégrables", même s'ils respectent les lois et les coutumes traditionnelles de nos pays. Ils représentent une destruction permanente de notre culture et de nos valeurs. C'est pourquoi il y en y tellement de criminels parmi eux. Ces derniers devraient être déportés vers leurs pays d'origine (ou celui de leurs parents). S'ils ont une double nationalité, la nationalité européenne leur sera enlevée. Mais ce n'est pas assez: Chaque musulman qui s'occupe dans ses pensées de la Sharia, du Jihad, ou du Caliphate, sera déporté également. Bien sûr il dit et il répète qu'il n'a aucun préjugé contre la personne des musulmans en général (pour éviter l'interdiction constitutionnele de la discrimination selon la religion). Mais il répète aussi que tous les musulmans (ou plutôt toutes les personnes d'origine de pays musulmans) participent à un projet criminel qui vise à "dominer notre culture et de la changer fondamentalement". La déportation des petits criminels n'est donc qu'un préliminaire à un nettoyage ethnique de l'Europe au moyen d'un marquage ethno-religieux. Comme chaque nettoyeur ethnique avisé, M. Wilders a développé une tactique "salami". Commencer avec une sous-catégorie de la population visée, dont quasi tout le monde reconnait qu'il faut intervenir. Mais le hic réside dans le fait que Wilders propose à supprimer l'égalité devant la Loi. Une certaine catégorie (et leurs familles!) devra être puni plus fort que les autres. Ce qui ouvrirait la voie à traiter les autres membres de des groupes visés de la même façon. Il préconise déjà un délit d'opinion à punir avec la déportation: "penser (rien que PENSER!) à la Sharia", etc. Remarquez: il ne s'agit plus de la liberté à exprimer une opinion, même si elle est offensante, dont M. Wilders est un si grand défenseur lorsqu'il s'agit de caricatures danoises de Mohamed, mais même la seule pensée est punissable! Comparez la "thought-police" de George Orwell dans son livre 1984.
Puisqu'il est impossible de savoir ce que quelqu'un pense et que la réflexion sur la Sharia, le jihad et le Caliphate est uniquement interdite aux gens d'origine "musulmane", la logique suivante s'impose: Tous ceux qui sont d'origine musulmane, sont suspects. Il suffit d'avoir un grand-parent d'origine moyen-orientale, pour qu'on vous interne dans un camp de concentration en attendant la déportation! Je suis convaicu, qu'une large majorité des votants pour le "parti" de Wilders, ne le prend pas au sérieux. Il y a une catégorie de gens qui aiment bien les provocateurs qui osent dire des choses qu'eux-mêmes n'osent que penser. ou exprimer en jasant. Une enquête parmi les votants pour Wilders du 4 juin le prouve: Ils ne sont pas trop inquiétés par la soi-disante "islamisation". Ils ont marre de la langue de bois des politiciens de service. Mais ce qui se passe ici, n'est plus un jeu d'enfant. Prenons un exemple récent. Autour de l'année 1990, un poète serbe de Bosnie publiait et déclamait ses vers plein de haine contre les Bosniaques non-serbes. On ne le prenait pas au sérieux. Trois, quatre, cinq ans plus tard, ce Radovan Karadzic, car c'est de lui que je parle, appliquait les politiques de génocide qu'il avait annoncées. Il est jugé, en ce moment par la Cour Internationale des Nations-Unies sur les crimes de guerre en Yougoslavie à La Haye. Son intention criminelle ne peut être prouvée qu'à l'aide d'une analyse de ses dires d'avant la guerre. Mais le sens de ces procès-là n'est pas seulement la punition des criminels de guerre après coup. Les procédures délimitent aussi ce qui est dorénavant tolérable et ce qui est non-tolérable, voire criminel, dans les appèls à la haine et à la discrimination, l'élimination, de catégories entières de l'humanité. Même si ces appèls et ces agitations soient formellement pas considérés comme illégaux à la lumière de la liberté d'expression garantie par les lois. Depuis les appèls à la déportation collective dans les pays d'Europe, promulgués dans tous les coins du monde: Israel, États-Unis, Danemark (nous y reviendrons), il est nécessaire que non seulement la Cour de Justice d'Amsterdam s'occupe de lui, mais qu'il soit cité devant la nouvelle Cour Internationale Pénale de La Haye. Aux côtés du poète/psychologue/guru Karadzic. Mais qui osera en prendre l'initiative? Versions antérieures de cet article: