Une fille découvre dans sa nuit nuptiale que son nouveau mari est un macho obsédé par la virginité et un type incapable à pardonner l'ancien partenaire qui l'a déflorée.
Elle décide à divorcer dans les plus courts délais.
C'est un acte courageux et moderne, et aussi un acte de responsabilité sociale: Son mari pourrait devenir un autre Fourniret!
Ses avocats lui conseillent de plaider "absence d'une qualité essentielle", c'est à dire: son honnêteté, entamée par le fait qu'elle n'avait pas renseigné son nouveau mari de la relation antérieure. C'est probablement le chemin le plus direct vers la nullité du mariage. Il n'est pas très vraisemblable que le mari aurait coopéré à une divorce à l'amiable.
Rien n'est plus simple: Les "bons" ont gagné et le mari obsédé n'a plus aucun moyen à se venger sur son ex-épouse.
Nous sommes naturellement tous d'accord que l'"absence de qualités" comme motif légal pour déclarer un mariage nul, date d'une époque révolue. Mais c'est encore toujours la loi. Et les bons avocats de la jeune mariée ne sont pas des philosophes ou des législateurs, mais, comme tout bon avocat: des bricoleurs, qui travaillent avec les outils qui sont à leur disposition.
Je ne suis pas souvent d'accord avec Rachida Dati. Mais cette fois-ci, je pense qu'elle a raison: (Source: Le mariage annulé pour non-virginité fait débat)
En marge d'un déplacement à Agen, la ministre de la Justice Rachida Dati a estimé de son côté que la dissolution civile d'un mariage était également une manière de protéger les personnes.
"Le fait d'annuler un mariage est aussi un moyen de protéger la personne qui souhaite peut-être se défaire du mariage", a-t-elle dit à la presse. Elle a émis l'hypothèse que la jeune femme concernée par la décision de Lille avait souhaité se séparer assez rapidement.
Une petite astuce d'avocat provoque une nouvelle vague de diabolisation des musulmans
Mais il y a une circonstance que nous n'avons pas encore mentionnée: Les deux (ex-)époux sont de religion musulmane. Et vous l'avez peut-être déjà remarqué: Mentionner "Islam", "mariage" et "virginité" dans une seule paragraphe, c'est provoquer le halali à gauche et à droite. Succès garanti!
Apparemment sans se renseigner bien sur les faits (c'est la femme qui a demandé l'annulation, pas l'homme, le motif n'était pas l'absence de hymen, mais le fait que la femme n'avait pas renseigné son futur mari sur la relation antérieure), une autorité comme Élisabeth Badinter a ouvert la chorale en dénonçant "un recul du droit des femmes".
Elle a été suivie de près par quasi tout le monde politique. Et chez ces derniers, les motifs ne me semblent pas toujours aussi purs que ceux de la grande dame Badinter.
Pour les uns (comme Marine Le Pen), l'évènement s'exploite comme une bonne occasion à souligner les positions xénophobes de son parti, en se cachant derrière une attitude pro-féministe, jusqu'alors inconnue dans les rangs de Jean-Marie son père. Elle a dit:
"Le problème, c'est que c'est la vision sarkozyste de l'homme qui est en cause dans la réaction de madame Rachida Dati. On a le sentiment, partout où on porte le regard dans ce gouvernement, que l'homme est considéré comme une marchandise", a-t-elle dit sur France info.
Mais à gauche aussi, l'on ne s'est pas privé d'un saut sur l'occasion à se distancier des "politiquement corrects" et les dhimmis.
Et dans les rangs de l'UMP on se prépare à une nouvelle attaque contre Rachida Dati, une attaque qui est en fait une contre Sarkozy. Et tout cela sur un fond de populisme facile, car anti-musulman."Ces propos sont une monstruosité juridique et une indignité de la part de la Garde des sceaux", a lancé Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF.